Le Fil | Quand la science se marie avec les arts

Article paru dans Le Fil le 21 septembre 2017 par Renée Larochelle


Des étudiants en création littéraire et en design graphique donnent une nouvelle existence à des articles écrits par des chercheurs en administration

On sait que la tendance générale dans notre société consiste à opposer sciences et arts. Doctorante en management, Virginie Francoeur a décidé de renverser cette tendance en rapprochant ces deux domaines supposément éloignés l’un de l’autre. À partir d’articles scientifiques écrits par des chercheurs et chercheuses en sciences de l’administration, elle a demandé à des étudiants en littérature et en design graphique d’écrire un texte et de créer une affiche. De cette proposition audacieuse, qui a réuni 22 étudiants et 6 chercheurs, est née une exposition des plus intéressantes.

22 étudiants et 6 chercheurs ont contribué à l’exposition. Photo: Faculté des sciences de l’administration

«L’objectif n’était pas d’illustrer le sens littéral de l’article scientifique, mais de se l’approprier pour le transformer et lui donner une nouvelle existence, de créer des ponts entre la raison et l’imaginaire, en somme», explique avec enthousiasme Virginie Francoeur, initiatrice et coordonnatrice du projet. «La seule contrainte consistait à ce que les étudiants ne communiquent pas avec les auteurs des articles», souligne la jeune femme. Elle-même poète, Virginie Francoeur a participé à l’exercice et s’est s’inspirée d’un article portant sur l’intégration socioprofessionnelle des itinérants signé par Yves Hallée. Dans son texte intitulé Rue Sainte-Catherine, elle raconte la vie et la mort de Franky, un itinérant à qui elle apportait parfois des vêtements et son milk-shake préféré. «Par mes mots, j’ai voulu redonner une dignité à Franky, dit-elle. Je voulais aussi montrer que la situation qu’il vivait est tellement banalisée qu’on n’y prête plus vraiment attention. Il ne faut pas oublier que des gars et des filles comme Franky, il en meurt tous les jours…»

«Comme si je lavais des choses inertes, au rythme d’une chaîne de montage…», écrit Anaïs Palmers. Étudiante à la maîtrise en littérature et arts de la scène et de l’écran, elle s’est penchée, pour sa part, sur un article d’Anne Marché-Paillé où cette dernière explore les stratégies élaborées par le personnel infirmier pour résister au dégoût engendré par leur travail d’assistance aux soins personnels des personnes âgées. Ce sujet délicat a ému Anaïs Palmers, dont le poème construit à partir de mots et d’extraits de témoignage des répondants s’avère touchant. On peut dire la même chose du texte de Bobby Aubé, qui décrit la première journée de stage d’un étudiant en soins infirmiers. En quelque 25 lignes, l’étudiant réussit à plonger le lecteur dans la réalité parfois déshumanisante de ce travail ingrat et difficile.

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